Peugeot a pris son temps, à raison ?


Discrète est la nouvelle e-308. Et pas seulement du point de vue de son moteur. Lancée en novembre, la 308 électrique arrive tard sur le marché, avec une approche plus réservée par rapport à son homologue thermique, qui était au centre des attentions il y a dix ans. Un lancement au second plan donc, alors qu’à l’époque on ne jurait qu’à travers cette 308 pour ce qui était de trouver une voiture française avec un bon agrément de conduite et une berline compacte habile en ville, sur les routes sinueuses et les autoroutes.

La nouvelle e-308 aurait pu devenir un porte-étendard de l’électrique à la française. Le chemin était tout tracé, et pourtant… En guise de présentation à la presse, une courte demi-journée, suivie directement par l’essai de la petite soeur de la gamme, : la e-208. Celle-ci n’est pas totalement nouvelle d’ailleurs, alors que sa carrière a débuté il y a quatre ans, pour en arriver aujourd’hui à la troisième version.

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Discrète, la nouvelle e-308 l’est aussi par son style. Rien ne justifie le retard sur ce point : Peugeot n’a rien changé à la carrosserie et il faudra regarder dans le détail pour décerner s’il s’agit bien de la version électrique. À l’arrière, les designers auraient été à deux doigts de conserver une ligne d’échappement. Tout ça pour garantir la philosophie de la voiture, dont le succès n’est plus à prouver. Malgré un petit surpoids et un raffermissement de l’amortissement ressenti, rien ne perturbe la gamme.

Sur le catalogue, il faudra néanmoins opter pour les deux plus hauts niveaux de finition pour accéder à la e-308. Comptez seulement sur les finitions Allure et GT pour le modèle 100 % électrique, qui voit ses tarifs se positionner face à ceux d’une Volkswagen ID.3 ou d’une Tesla Model 3. Et même si la dotation à bord est assez complète, viennent à manquer quelques éléments pour lui permettre de justifier pleinement ce niveau de prix. Dans l’habitacle, sur certains points, la e-208 fait même mieux.

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3 avantages sur la Peugeot e-308

Une fidèle 308

Nous avons dit que rien ne différencie la nouvelle Peugeot e-308 électrique de son homologue thermique. Si le constat s’applique pour le style, il s’accorde aussi sur l’agrément de conduite. Ainsi, la berline compacte électrique ne se charge que de récupérer de nouvelles jantes de 18 pouces et un nouveau sigle, sans chercher à se distinguer davantage. La marque n’évoque pas le détail de l’aérodynamisme de sa voiture, certainement déjà assez bon, et qui pour des raisons économiques n’a pas entraîné la e-308 à opérer des modifications.

Les habitués ne seront donc pas perturbés, qu’il s’agissent de ceux qui sont déjà entrés à l’intérieur de la nouvelle Peugeot 308 de 2022, mais aussi ceux de la génération 2014.

Cette fidélité à ce qu’est la 308 est un vrai plaisir sur la route. La nouvelle version 100 % électrique conserve son moteur sur l’essieu avant, et les batteries sont réparties sous trois modules sous le plancher et dans le coffre. La voiture est donc plutôt bien équilibrée et avec le petit volant offrant une direction précise et dynamique, elle est, presque, aussi plaisante à conduire. Son inscription en virage et son roulis sont tout de même plus importants du fait de la hausse du poids, mais la différence n’est pas trop importante.

Seul un moteur de 156 ch est disponible. Pas plus, mais pas moins non plus. Une bonne nouvelle que le bloc de 136 ch de la Peugeot e-2008 n’ait pas été reconduit, il nous aurait sans doute paru trop limité. Le moteur de 156 ch est loin d’être le plus puissant du marché – la e-308 étant dans la moyenne basse -, mais il s’avère largement suffisant. Pour une voiture tournée vers la conduite dynamique, c’est plutôt ironique de classer son moteur parmi les plus petits du marché. Mais il faut croire qu’avec ses 270 Nm de couple, il n’en faut pas plus.

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La nouvelle Peugeot e-308 électrique supporte une recharge de 100 kW en courant continu, et emporte avec elle un câble de 11 kW © 01net

Consommation

À l’aise, le moteur de la Peugeot e-308 participe aussi à limiter grandement la consommation de la berline compacte. Le constructeur français a, de façon habile, compris que pour garantir l’efficience des voitures électriques sans payer cher pour une gigantesque batterie, il suffisait de proposer un plus petit moteur. Le résultat est bon : derrière son look de voiture thermique, la Peugeot e-308 fait aussi bien que ses rivales.

Nous avons parcouru une trentaine de kilomètres sur autoroute, une trentaine en zone urbaine et périurbaine et une centaine sur des départementales sinueuses. Résultat : 16 kWh/100 km. Un score assez honorable qui démontre qu’il sera possible de passer sous les 20 kWh/100 km sur autoroute, et aux alentours de 14 kWh/100 km en ville ou sur des terrains plus plats.

Bien sûr, certains font mieux, comme Tesla avec sa nouvelle Model 3 restylée qui arrive désormais à tomber sous les 14 kWh en cycle mixte et sous les 19 kWh sur autoroute. Mais la e-308 rivalise vraiment avec une Volkswagen ID.3.

Tout comme son moteur, la batterie de la e-308 n’est pas la plus grosse du marché. À 51 kWh en valeur nette, celle-ci est plus petite qu’une Volkswagen ID.3 ou qu’une Cupra Born toutes deux disponibles en 58 ou 77 kWh, mais rivalise avec celle d’une MG4. Au final, il sera possible de parcourir aux alentours de 250 kilomètres sur autoroute et jusqu’à 370 kilomètres en obtenant les consommations les plus basses possible en cycle urbain. Quant à la recharge rapide, elle atteint 100 kW de puissance.

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Cockpit

Si Audi avait particulièrement marqué les esprits avec l’arrivée du « Virtual Cockpit » il y a 8 ans, Peugeot fait aussi partie des constructeurs à chercher à être innovant du point de vue de l’ergonomie. Pour cela, lui aussi avait imaginé son « cockpit ». Il se nomme « i-Cockpit » et il évolue sur la nouvelle génération de 308. Il laisse ainsi place à un écran avec une interface assez innovante et bien pensée.

Sur le haut de gamme GT, l’affichage est en 3D, avec des informations proposées sur deux niveaux. L’idée n’a rien de gadget ou de superficiel, elle offre une vraie solution pour constituer un affichage clair et hiérarchisé. Le tour participe grandement à l’ergonomie et renforce le côté premium. Il permet aussi à la marque d’éviter de devoir jouer à Tetris pour intégrer correctement les informations à l’écran.

Au centre, un écran d’infodivertissement est disponible avec un contrôle tactile et des boutons raccourcis présents en dessous sur un écran secondaire. Celui-ci a le mérite de remplacer quelques boutons physique s’en rendre plus complexe l’utilisation de certaines commandes et raccourcis. On note davantage de longueurs sur l’écran comparé à la concurrence, mais Peugeot soigne plutôt bien son interface et le tout ne nous a pas posé de problème. Ne comptez pas, cela dit, obtenir davantage qu’un usage pratique. Pour le divertissement, il faut passer sur Apple CarPlay ou Android Auto.

Enfin, la Peugeot e-308 électrique adopte comme sa cousine thermique un accès au régulateur et limiteur de vitesse directement depuis le volant. Plus de commodo pénible et caché, ce qui ajoute à l’aspect simple en prise en main de la voiture. Un changement certainement motivé par les économies, mais qui participe au final à une meilleure ergonomie. Autrement Peugeot taille aussi dans les coûts du côté du levier de vitesse, qui devient un simple bouton. On ne lui en voudra pas : Tesla a carrément migré la commande directement sur l’écran de sa Model 3 restylée.

3 défauts sur la Peugeot e-308

Manque de confort

L’ergonomie singulière de la Peugeot 308 a son revers de médaille. Il faut obligatoirement opter pour une position de conduite très basse. Parfois trop, selon les morphologies. C’est la condition pour voir correctement les compteurs au-dessus du volant, mais aussi pour profiter de l’accoudoir central. La position de conduite n’a pas bien changé depuis dix ans et le confort des sièges non plus (pas si confortable malgré leur dessin et leur largeur). À l’arrière, la visibilité n’est toujours pas bonne, gênée par ces sièges avant et par le manque de rehaussement de la banquette.

Sur la route, les aspérités ne sont pas mieux gommées que les versions thermiques, au contraire. Le rajout de poids à cause des batteries a entraîné le raffermissement de l’amortissement, qui est particulièrement perceptible à basse vitesse. L’agilité en pâtit aussi : là où la voiture gagne en reprise grâce à son couple disponible instantanément, elle le perd dans la prise de roulis et l’inscription en virage un peu plus maladroite. Heureusement, le freinage est très bon, même si le mode B (freinage régénératif en lâchant l’accélérateur) est particulièrement peu puissant et ne permettra pas de profiter d’une conduite à une seule pédale.

Il ne sera pas possible de jouer sur le choix des roues pour améliorer le confort, alors que seules des jantes alliages de 18 pouces sont disponibles (ce sont les plus grandes de la gamme). Mais de nous méprenons pas : la concurrence propose des jantes généralement encore plus grandes et s’avèrent aussi plus lourdes. La Peugeot e-308 fait partie des plus légères de la catégorie, à seulement 1 684 kg. Peugeot a certainement voulu conserver l’ADN de voiture agréable à conduire de sa 308, et sur ce point, c’est tout de même particulièrement réussi.

Une voiture pour deux

Une voiture plaisante… oui, mais pour deux. Comme nous l’avons dit, les places arrière ne sont pas les plus accueillantes en matière de visibilité sur l’avant. Les plus sensibles seront vite malades à bord, mais cela a toujours été le cas dans l’univers de la marque française. Là où la version électrique de la Peugeot 308 est plus embêtante, c’est du côté du coffre. Ce dernier se limite à 361 litres, malgré une ouverture très large et pratique. C’est autant que la version hybride, et bien en deçà de la concurrence. La Tesla Model 3 en propose 594 litres. Pour pouvoir espérer emporter plus d’affaires pour une famille de quatre, la solution du break s’avère alors indispensable.

Les sièges arrière trahissent d’autant plus le fait que la 308 électrique soit avant tout conçue comme un modèle thermique. Le tunnel central au niveau de la place du milieu vient toujours condamner la cinquième place, là où les sièges sur les côtés ne laissaient déjà pas beaucoup d’espace à leurs occupants. Au final, la nouvelle Peugeot 308 électrique, qui perd 48 litres de capacité de chargement dans son coffre et qui ne dispose pas de la même habitabilité que certains concurrents électriques, se vivra surtout à deux.

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Équipements : est-ce que ça vaut 46 990 euros ?

On l’a vu : avec l’efficience de son moteur et son agrément tourné vers le plaisir de conduire, la nouvelle Peugeot 308 électrique peut, après tout, avoir sa place face à la concurrence. Mais peut-elle se justifier de se présenter au même prix ? La e-308 positionne ses tarifs à 43 900 euros en finition Allure et 46 250 euros en finition GT. En face, la Tesla Model 3 s’achète à partir de 42 990 euros en version Propulsion, tout comme la Volkswagen ID.3.

Tesla Model 3 et MG4 perdront le 15 décembre prochain le bonus écologique de 5 000 euros, mais cela ne les disqualifiera pas pour autant.

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Une nouvelle fois, Peugeot signe, du côté de ses équipements, une offre qui n’est pas la plus complète, mais qui reste à la hauteur. On regrette que la finition Allure ne permette pas d’embarquer le nouvel affichage 3D du tableau de bord, mais le volant et les sièges chauffants sont de la partie. Dommage que l’affichage 360° ne soit accessible qu’en finition GT lui aussi, tout comme l’accès et le démarrage sans clé.

Heureusement, on aura droit à un chargeur de 11 kW embarqué, là où la concurrence se limite à du 7,4 kW de série. Il n’est pas possible d’accéder à un mode de conduite semi-autonome sur voie rapide sans passer par le catalogue des options, mais le régulateur adaptatif est disponible de série dès le niveau Allure.

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Conclusion : notre avis sur la Peugeot e-308

La Peugeot 308, grande référence des berlines compactes, arrive sans doute trop tardivement en électrique avec des arguments techniques un peu datés et un prix qui lui n’a pas oublié de passer par la case inflation. Mais cela reflète bien la stratégie attentiste de Peugeot. Et en vue des difficultés de Volkswagen à écouler son ID.3, et l’évolution technologique fulgurante des derniers mois, l’absence de l’e-308 a sûrement évité de nombreux clients frustrés par une sortie trop précoce.

Son lancement nous laisse mitigés. Peugeot arrive avec une offre assez fidèle à elle-même. En matière d’autonomie, c’est mieux que ce que l’on aurait pu imaginer, grâce à une consommation assez impressionnante. En revanche, outre le style et l’agrément de conduite, la e-308 reste bel et bien une voiture électrique discrète et sensiblement trop chère. À choisir pour deux, ou pour les fidèles à la griffe de Peugeot.

Peugeot e-308

43 900 €

Les plus

  • Agrément de conduite
  • Consommation
  • Ergonomie

Les moins

  • Confort
  • Habitabilité et coffre
  • 46 990 euros en GT


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Catégorie article Politique

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